J’ai tellement reçu de commentaires heureux sur ma journée du 15 aout. Il y a même eu des gens qui m’ont invité pour goûter enfin à l’igname pilée qui m’avait tant manqué ce jour. Au moment où je me félicitai d’avoir attiré tant de sympathie, une série de réflexions sibyllines et sournoises de mon seul et unique frère de cœur T.O qui se retrouve au Togo, m’a interpellé avec une tout autre lecture de ce jour mémorable que vous avez suivi avec moi ; où j’ai troqué avec appétit le fufu contre le Kom. Il m’expliqua que, selon lui, ce texte cachait bien d’autres turpitudes dont il faudrait avoir le courage de faire cas pour avouer alors le bilan moral peu flatteur qui se cachait derrière ces repères gastronomiques.
Il fallait, selon lui, identifier et situer dans leur contexte les personnes ressources qui ne se sont pas arrêtées à la satisfaction de mes papilles gustatives. En réalité, le récit est truffé de plusieurs signes de pistes qui devraient faire ressortir des aventures amoureuses des plus tumultueuses et que je n’ai pas eu le courage ni d’évoquer, ni de clarifier. Bref, les exemples sont légion dit-il : Qui est cette cousine qui se déplace jusqu’à Lomé à cause d’une sauce, quelle que soit la qualité ! Quelles personnes m’offraient le fufu ? Quel est cet ami ou cette amie qui avait en réalité constaté mes insuffisances et m’a renvoyé ? Sans oublier mes pérégrinations en occident !
Cette lecture calomnieuse et partisane, d’une personne qui m’est proche, mérite qu’on s’y attarde. Il faudrait laver mon honneur et mon bonheur dans cette affaire et me rassurer que d’autres, n’ont à aucun moment été effleuré par cette lecture curieuse et inquisitrice d’un récit, somme toute, banal. La question se réduit à celle-ci : ai-je été ce baroudeur de l’amour qui, à la manière du papillon, butine le nectar partout et toujours ?
D’une manière générale, ces insinuations qui portent sur mon passé, mon présent et mon avenir ont ce tort de ne pas comprendre que s’il y avait eu un passé plein de verve et d’allant physique, le présent est douteux et l’avenir inexistant tant mes forces ont déclinées et mes faiblesses se sont installées. La morale de cette histoire, c’est de prétendre au paradis, dépassant ainsi ce septième ciel que je n’avais pas eu le loisir de visiter autant que le pense mon cher et inestimable frère. Sans vouloir répondre à toutes ses questions, prenez par exemple ma chère cousine. Elle est mariée et a fait des enfants ; ce qui prouve qu’il n’y a rien eu entre elle et moi ! La seule chose curieuse, c’est qu’elle a épousé un quidam antipathique et à la tête triangulaire qui m’a définitivement fait détester les maths.
L’autre objet de cette intervention, c’est de révéler aux yeux du monde que j’ai fait une grande découverte scientifique que j’ai tût depuis des décennies et qui concerne la fécondité des peuples occidentaux. En effet, j’ai mangé et apprécié les choucroutes et autres repas. J’ai ingurgité plusieurs broussailles dans ce pays sympathique qu’est la Belgique ;
j’ai survécu dans ce pays impressionnant, riche en monnaies et en montres, mais terne où la vie s’arrête aux alentours de 17h. Et, j’ai constaté le même manque : la chaleur physique et surtout humaine. Ils se plaignent de réchauffement climatique alors que c’est de cela qu’ils ont besoin pour promouvoir cette belle phrase de la Bible dans Genèse 9 : 7 : « soyez féconds et multipliez-vous, répandez-vous sur la terre ».
Dans ces pays où le soleil ne se lève pas et le coq ne chante pas, il est difficile de faire beaucoup d’enfants tant le froid recroqueville la partie essentielle du corps. En effet, comme le soulignait mon oncle Kodjo, il n’y a pas que le soleil qui se lève le matin dans nos contrées :
l’homme se réveille viril et plein de sève vivifiante. On comprend pourquoi l’Afrique sera toujours riche de sa jeunesse et aucune régulation de naissances ne nous atteindra ! Ma révélation scientifique pourra-t-elle être brevetée ? Encore que la solution existe : Il suffit de leur vendre du soleil ! En tout cas, elle m’a permis de répondre à mon frère T. O. sur ses allégations qui concernent les lointains rivages que j’ai eu à visiter et où le froid intense a mis mon pantalon et son contenu à rude épreuve.
Deux conclusions : un texte peut se lire de plusieurs manières et seuls ceux qui vous connaissent ou connaissent un milieu peuvent dire la vérité là-dessus. Faisons notre histoire et notre géographie c’est-à-dire le contenu de ce qu’il s’agit d’enseigner à nos enfants !
Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe
