La 6e édition du forum « Notre Futur – Dialogues Afrique-Europe » s’est tenue du 6 au 8 juin 2024 à Cotonou. Membre du comité éditorial, Giovanni Houansou renseigne les grandes leçons à tirer de cette rencontre de questionnement sur la place de la langue française dans la francophonie. Interview !
Educ’Action : Le forum « Le français pour quoi faire ? » vient de s’achever. Quelles sont les grandes leçons à tirer ?
Giovanni Houansou : Trois petites choses à retenir. La première, c’est sur la mobilisation des participants. La deuxième, c’est sur l’opportunité de travailler sur cette thématique. La troisième va être probablement qu’est-ce qu’il faut attendre dans le futur. Alors, sur ce qui est de la mobilisation, nous avons établi des objectifs. Pour nous, il était important qu’on sorte un peu de l’intellectualisme qu’on connaît souvent et qu’on aille vers la population, celle qui utilise le français pour divers métiers, dans diverses dimensions de leur vie. Donc, en termes de mobilisation, le public béninois a été largement mobilisé. A côté de cela, il y a eu des intervenants qui sont arrivés d’Europe et d’autres de l’espace francophone. Deuxième aspect des choses, c’est l’enjeu de faire ce genre de forum sur le français parce que la langue française est devenue une sorte de point de cristallisation. Qu’on le veuille ou pas, on l’allie très vite à l’homme français et au passé colonial et aux patrimoines que nous partageons ensemble avec l’Occident en général, mais avec la France de façon particulière. On l’allie aux chocs que nous avons et aux chocs actuels en ce qui concerne sa cohabitation avec les langues locales dans tous nos territoires, ce qui génère deux types de discours. La langue française n’est pas notre langue, on nous l’a imposé. Et le second type de discours, c’est que la langue française que nous avons aujourd’hui n’est plus celle qui appartient à la France, c’est notre langue, parce qu’elle a été enrichie par les nôtres et ainsi de suite. Puis troisièmement, c’est ce que cela va donner dans les jours, les semaines, les mois à venir.
Quels sont les livrables assortis de ce forum ?
Au titre des livrables, il y a bien sûr l’idée d’un Institut des langues qui va veiller en quelque sorte à rendre possible cette cohabitation entre cette langue et les langues locales. Il y a le précieux sujet du décloisonnement de l’espace francophone qu’on a essayé d’aborder avec l’idée d’un visa francophone qui permettrait à toute personne détentrice de circuler dans l’espace francophone de façon plus libre. On est ressorti également de ce forum avec une dizaine de projets proposés et pilotés par des jeunes qui ont développé des applications, des solutions pour rendre ces aspects possibles. Globalement, ce forum doit être un point de départ pour l’implémentation de ces livrables dans le futur.
Vous avez passez le témoin au Brésil pour abriter la prochaine édition du forum. Que revêt cette cérémonie ?
La date de l’édition prochaine est connue. Le forum va avoir lieu en novembre 2025. Cela veut dire que ce que nous avons dans le viseur aujourd’hui, c’est Salvador de Bahia au Brésil. C’est une tradition du forum, parce que nous aussi nous avons reçu nos charges de la Côte d’Ivoire. Donc, c’est une tradition que nous avons perpétuée.
Propos recueillis par Edouard KATCHIKPE