La majorité des enseignants ont rejoint les classes depuis le 20 septembre, date officielle de la rentrée scolaire 2021-2022. Au nombre de ceux-ci, se trouve la catégorie des Aspirants au Métier d’Enseignant (AME). Après moult réflexions, ils plaident pour l’amélioration de leur condition de travail qui passe, selon eux, par le paiement de leur salaire douze mois sur douze comme les fonctionnaires titulaires de l’Etat. Ils se sont ouverts à Educ’Action.
Le moral semble sapé dans le rang des enseignants pré-insérés. L’engouement au travail a baissé d’un cran en ce début de la rentrée scolaire. C’est bien l’impression que dégagent les AME rencontrés dans le cadre de ce papier de terrain. Faisant partie intégrante du corps d’encadrement des apprenants, les Aspirants au Métier d’Enseignant (AME) se préoccupent de leur condition de travail, surtout de leur jouissance salariale. «La situation des aspirants aujourd’hui n’est pas reluisante. Depuis 2019, le gouvernement a organisé plusieurs tests pour recruter les AME. Malheureusement, ces enseignants sont assujettis à un contrat de neuf (09) mois sur douze (12) depuis bientôt trois (03) ans. Nous n’avons pas droit aux émoluments pendant les vacances, pas de prime de rentrée, ni le droit de participer aux journées pédagogiques récemment organisées», se désole, au micro de Educ’Action, Houénoumadi Elie Hagnon, enseignant aspirant à l’Ecole Primaire Publique Finafa, dans la Circonscription Scolaire Abomey-Calavi 1. Déployés sur l’ensemble du territoire national et dans les régions pédagogiques, ces enseignants vivent différentes réalités. «Nous sommes des travailleurs qui ont servi l’Etat pendant toute une année, surtout avec les effectifs pléthoriques dans les écoles publiques. L’Etat, conscient du fait qu’il aura besoin de nous, enseignants au cours de la rentrée, a choisi de nous laisser sans un accompagnement financier pendant les vacances et nous avons repris les activités pédagogiques dans les mêmes conditions», argue, pour sa part, Paterne Kouthon, enseignant pré-inséré en service à l’EPP Agamandin, groupe/A.
Dans le sous-secteur de l’enseignement secondaire, le constat est presque identique. Néanmoins, cette catégorie d’enseignants joue la carte de l’espérance. «Nous avons commencé la rentrée scolaire 2021-2022 sur des chapeaux de roue. Nous avons rejoint respectivement nos postes et on nous a donné les emplois du temps signés du censeur et de la directrice. Nous avons pris aussi les certificats de prise de service au poste et tout ceci est transmis au censeur afin qu’il l’insère, à son tour, sur la plateforme EducMaster, avec l’espoir d’avoir nos contrats dans nos mails respectifs», explique Renaud Tossou, enseignant aspirant au Collège d’Enseignement Général Tankpè, dans la commune d’Abomey-Calavi.
De l’état d’âme des AME…
«Nous sommes moralement abattus. Il faut sécuriser sa petite famille sur tous les plans avant d’être apte à donner le meilleur de soi à l’école», fait savoir Houénoumadi Elie Hagnon de l’EPP Finafa, précisant que les contrats, au titre de l’année scolaire 2021-2022, sont signés sur les tablettes sans une connaissance du contenu. «Bon nombre d’aspirants n’ont pas encore inscrit leurs enfants à l’école. Lorsque vous êtes un enseignant, vous aurez beau la volonté, mais vous ne pouvez pas rendre correctement dans cette condition. C’est un coup que chacun de nous a reçu. Nous avons perdu le moral» , dira, à son tour, Paterne Kouthon, également secrétaire général administratif du Collectif des Enseignants Pré-insérés de la Maternelle et Primaire/Atlantique (CEPI-MEMP), avant de s’interroger : «La situation des AME jusque-là n’a pas connu d’amélioration. A quand les douze (12) mois sur douze (12) de salaire ? A quand le changement du statut des AME ?».
Tout comme ceux du primaire, les AME du secondaire partagent presque la même désolation. «…Le contrat étant crucial, nous manquons de confiance en ce sens que nous nous demandons si c’est un contrat de neuf (09) mois comme les années antérieures ou un contrat de douze (12) mois», a laissé entendre, l’enseignant d’anglais Renaud Tossou. Aussi, a-t-il souhaité que les AME soient plus considérés. Car, déplore-t-il, les enseignants pré-insérés n’ont pas pris part à la journée de réflexions pédagogiques comme leurs pairs titulaires.
Enock GUIDJIME