La dernière fois, j’ai écrit un appel au secours auquel j’ai donné un nom trop fort, trop cru qui m’a valu presque des incompréhensions. Dans un monde où chaque jour, plusieurs de nos enfants s’adonnent à des activités censées être hautement répréhensibles comme danser du twerk quasiment nus ou organiser des séances mêlant sexe, alcool et drogue, on se retrouve devant une seule réaction : l’incompréhension voire l’indignation des parents.
Chacun y va de sa réprobation et, on découvre ébahis (nos enfants les premiers) que tous ces pères et mères, parangons de vertu, n’ont jamais rien fait qui puisse pressentir les dérives de leurs progénitures. Ainsi, non seulement ils sont blancs comme neige mais, pour une large part, ils font beaucoup d’efforts, beaucoup de sacrifices pour leurs enfants !
A l’évidence, père et mère ont oublié les attitudes et les différentes compromissions qui les ont aidés à bâtir leur pauvre maison ou tout simplement cette vie moralement misérable faite de vols, de viols et de stupre. Les enfants ne veulent pas les parents les plus beaux, les plus idéals mais, les plus justes, sincères et honnêtes envers eux ; qui les regardent le plus possible, qui leur demandent comment s’est passé leur journée, qui ne se contentent pas de connaître seulement la devanture de leur collège ! Papa a le droit de crier mais on voudrait le voir un peu plus à la maison, et utiliser aussi cette douce voix qu’on découvre lorsqu’il est au téléphone en train de supplier et de promettre à quelque dévergondée. Maman a le droit de sermonner la petite fille mais en oubliant un peu le pasteur dont le ventre rebondi n’a plus besoin de ses attentions inavouables !
De l’autre côté, il y a la misère matérielle, la misère crasse qui laisse tout tomber ; cette misère qui fait que la maman demande à sa fille de 16 ans, ce qu’elle a ramené de chez X ; oui je parle de celle qui a déjà un IPhone (au demeurant chinois). Mais encore, il faudrait avouer que cette misère est plus l’expression de l’ignorance, de familles décomposées, de pères qui ne voient le bonheur que dans les plaisirs de la chair et de l’alcool, détruisant, chaque jour, dans la faiblesse et le laisser aller, le présent de ses femmes et l’avenir de ses enfants. En réalité, il a les moyens de construire avec le peu qu’il trouve. Mais, le pire, c’est qu’il ne se le réserve même pas ; il investit dans le futile et le fugace et revient terroriser tout ce qui bouge dans sa maison. En réalité, plus rien ne le respecte dans son deux-pièces : femme, enfants qui sont là juste parce qu’ils ne savent où aller ; rats, les cancrelats qui investissent chaque jour sa demeure.
Et l’éducation des enfants dans tout ça ! Nous ne les écoutons pas. Nous ne faisons pas assez attention à eux, ils nous regardent faire des choses horribles que nous pensons cachées. Vous serez étonné de savoir que vos enfants ont envie de vous parler ! Vous vous souvenez que tout petits, ils revenaient de l’école et vous récitaient, à gorge déployée, la dernière merveille qu’ils ont gardée dans la tête ? Un enfant, un adolescent vous raconte toujours quand vous l’écoutez, apparemment de « petits riens » quotidiens et, c’est dans « ces petits riens » qu’il faut distinguer les messages : celle ou celui qu’il admire ; ceux qui le maltraitent, etc.
Comment faire, me direz-vous ? Est-ce trop tard ? Non. Voici une solution. Je me souviens que lorsque j’étais jeune et fringant étudiant, j’allais conter fleurette à une demoiselle qui habitait assez loin. Dans un monde où il n’y avait pas la facilité des médias, je me déplaçais pour enfin me rendre compte que l’objet de mes attentions n’était pas présent et je tombais le plus souvent sur la maman, institutrice qui me réservait un accueil si chaleureux que j’en étais toujours heureux et confus. Lorsque ses filles n’étaient pas là, elle me gardait et me faisait la conversation sans façon. Et quand l’une d’entre elle rentrait, généralement la petite sœur de ma future chérie, on continuait ensemble jusqu’à ce qu’elle s’éclipse. Et ce qui devrait arriver arriva : j’avouais plutôt ma flamme à la petite sœur qui m’exauçait simplement à ma grande surprise et satisfaction. Le temps passa dans la félicité de ces amours attentionnés qui avançaient lentement et sûrement. La distance entre ma maison et la leur se réduisait considérablement et je me surprenais devant leur maison sans effort. Allez comprendre pourquoi ! Plus étonnant encore, je constatais qu’on me recevait toujours avec plaisir et que naturellement la petite, l’objet de mon amour, venait le plus souvent rester avec moi. Un jour, n’y tenant plus, avec le peu de conscience qui me restait, je lui demandais si la famille ne s’était pas rendu compte de notre manège puisque l’attention constante à mon égard n’a pas changé. Elle me répondit la chose la plus renversante du monde qui est restée jusqu’aujourd’hui dans mon cœur et mon corps : Tout le monde sait déjà. Je l’ai dit à la fin de l’année à notre réunion où tout le monde dit la vérité. On se pardonne, on se conseille et on remet le compteur à zéro !
Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe